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Le perroquet, ce grand bavard !!! Qui vocalise du matin au soir tout en gardant une oreille toujours attentive au moindre son qui pourrait enrichir son vocabulaire. Facile d’apprendre des mots à un perroquet… c’est ce que tout bon film pirate veut nous faire croire ! Mais si vous voulez en connaître la ou plutôt les vraies méthodes prenez le temps de lire ce qui va suivre.
Avant toute chose, gardez bien en tête que » le perroquet ne fait jamais que parler sa langue maternelle » (Georg Christoph Lichtenberg), ce qui fera donc de votre perroquet le reflet de votre enseignement. Il ne discernera pas les différentes langues, vous pouvez donc faire de lui un polyglotte hors pair ! Toutefois, votre perroquet ne maîtrisera pas toujours la valeur du mot prononcé ainsi que sa portée ; évitez donc de lui enseigner des mots au sens peu glorieux…
La base des méthodes que je vais partager avec vous repose sur la théorie behavioriste (autrement dit qui s’appuie sur le comportement observable) et découle d’un processus de conditionnement. Comme pour bien des apprentissages les interactions sont essentielles. Vous devez donc former un véritable binôme de transmission de connaissances avec votre compagnon à plumes.
Petit rappel anatomique et physiologique en ce qui concerne la production de sons chez les oiseaux. La syrinx est l’organe vocal propre aux oiseaux, il se situe au niveau de la bifurcation de la trachée et de la 2ème ou 3ème vertèbre thoracique. Elle est entourée de sacs aériens.
La structure cartilagineuse fait vibrer une membrane devant deux pavillons servant de caisse de résonance. La syrinx a donc un rôle prépondérant dans la production de sons chez tous les oiseaux. Les mouvements de la langue permettent des modulations de fréquence et d’amplitude des sons émis.
Pour cet Ara de Buffon (Ara ambiguus) comme pour tous les psittacidés, la langue est indispensable pour manger et aussi pour communiquer.
Les espèces d’oiseaux capables d’apprentissages vocaux sont dotées de 7 noyaux cérébraux intervenant dans la motricité (de la syrinx et de la langue) et le traitement de l’information acoustique.
De nombreuses espèces d’oiseaux ont des capacités d’imitation et d’apprentissage vocal, et sont ainsi proches des humains de par leur capacité d’apprentissage d’un langage.
La communication peut-être définie comme la transmission d’un signal entre un émetteur et un récepteur. Pour le perroquet la vocalisation est une des méthodes de communication de base de l’espèce. Les perroquets ne sont pas des oiseaux chanteurs mais mâles et femelles vocalisent toute l’année.
Comme les humains, les jeunes perroquets passent par une phase d’apprentissage vocal nommée « babillages » au cours de laquelle les jeunes produisent de nombreuses vocalisations. Et, comme dans de nombreux autres domaines, les perroquets peuvent apprendre toute leur vie.
Le perroquet communique pour échanger des informations entre individus, pour se rassembler ou pour se renseigner (sur l’autre partenaire, son état émotionnel, sa motivation, son identité, son environnement…). La communication est un signe de bonne santé individuelle et bonne intégration au sein même du groupe dans lequel il vit. Si votre perroquet vocalise assidument chaque jour, prenez-le comme un compliment ; il vous dit que tout va bien dans sa vie et qu’il se sent bien dans sa famille adoptive.
La communication est dite référentielle lorsqu’elle catégorise un cas précis. L’exemple le plus connu de la communication référentielle rencontré en milieu naturel est le cri d’alarme. Chez certaines espèces la communication est très poussée puisque le répertoire vocal varie en fonction de la menace (l’exemple le plus connu est le cri d’alarme variant selon la menace chez certains corvidés).
Bien que les perroquets aient longtemps étés considérés comme moins intelligents que les mammifères, et en particulier les primates, il s’avère que de nombreuses espèces d’oiseaux notamment de la famille des corvidés et des psittacidés possèdent des capacités cognitives développées, mêmes similaires à celles mise en évidence chez les primates y compris l’homme.
Vous avez probablement déjà entendu parler du célèbre perroquet Alex (pour Avian Learning EXperiment), malheureusement décédé en septembre 2007, qui laisse derrière lui une série de résultats démontrant que les perroquets ne sont pas seulement des imitateurs. Ces travaux ont étés réalisés en laboratoire par l’équipe d’Irene Pepperberg sur des gris du Gabon.
Alex savait imiter de manière référentielle de nombreux mots humains. Il savait nommer plus d’une centaine d’objets et en donner différentes caractéristiques suivant la question qui lui était posée. Cela allait même plus loin puisqu’ il savait nommer les points communs et les différences entre les objets, par exemple la forme, la couleur, la texture…
Il avait aussi le concept d’absence. Alex savait compter jusqu’à 6 et savait aussi comparer les objets en disant qu’il était « plus grand que « . Alex était donc capable de décrire des éléments et des évènements de son environnement en employant un système de communication, à savoir des mots et donc de communiquer de façon fonctionnelle.
Comme pour nos enfants, les perroquets passent par différentes étapes lors de l’apprentissage d’un mot nouveau.
Il y a tout d’abord une phase « d’écoute » durant laquelle Coco entend les sons produits, exactement comme nous le faisons lors de l’apprentissage d’une nouvelle langue.
Puis vient l’étape « approximative » durant laquelle l’oiseau s’exerce à produire le son entendu lors de la phase précédente. Bien souvent cette étape passe inaperçue car le perroquet s’entraîne en l’absence de toute présence humaine. Dans la plupart des situations, l’imitation n’est pas parfaite dès la première fois mais demande plusieurs séances d’affinage. Cette étape peut durer plus ou moins longtemps selon les individus.
Ensuite le mot est prononcé clairement et prend une part importante dans le répertoire de l’animal, c’est la phase « d’appropriation ».
Enfin arrivé à la dernière étape dite de « normalisation », l’effet « mode » du nouveau mot commence à décroître et laisse place à d’autres types de vocalisation. Toutefois, cette phase peut ne pas exister si l’oiseau apprécie, ou trouve un intérêt à prononcer le mot.
Nous avons vu avec Alex que les perroquets sont capables d’apprentissage vocal allant jusqu’à décrire des objets en employant des mots humains. Je vous entends penser !!!.. mais oui …
Vous savez bien que c’est avec plaisir que je vais vous expliquer la ou plutôt les méthodes que vous allez pouvoir mettre en application avec Coco :
Quelle que soit la méthode envisagée, chacune utilise la dénomination et forme à la prononciation. De plus, la présence d’un modèle réel est essentielle.
Il est important de montrer à votre élève perroquet ses erreurs afin de l’aider à avancer positivement dans son apprentissage.
La méthode « modèle / rival » pourrait être définie comme un jeu de rôle entre deux « enseignants » et un « ‘élève » qui pour le coup est votre perroquet. Notez que les rôles respectifs des enseignants sont intervertis régulièrement. Les enseignants échangent autour d’un objet précis en le désignant avec « qu’est-ce que c’est ? ». L’ »enseignant » répondant à la question représente alors un modèle pour le perroquet. Le perroquet doit être sollicité par l’enseignant et peut aussi se manifester de manière spontanée. La finalité de cette méthode est d’aboutir à ce que le « modèle » devienne ainsi « rival » au regard du perroquet. Eh oui ! Compte tenu du fait que votre perroquet cherche aussi à obtenir l’objet convoité et à attirer l’attention de la personne qui l’interroge, un des « enseignant » devient alors son rival.
Dans ce jeu de rôle le contact visuel entre l’enseignant, les interrogés et l’objet en question est indispensable.
Une prononciation correcte est récompensée par des félicitations et par l’objet lui-même. Des erreurs intentionnelles de prononciation doivent être réalisées car Coco observe également les possibilités de correction de la prononciation du nom de l’item.
La méthode « intuitive » est une interaction entre « l’humain enseignant » et le perroquet. Elle a pour principe simple de désigner des objets par leur nom. Au cours d’une leçon, il faut alterner des phases où l’animal regarde l’humain interagir avec l’objet, où l’oiseau interagit avec l’objet et où l’humain regarde l’oiseau.
Dans un premier temps, l’humain prononce des mots uniques puis intègre de courtes phrases comprenant 2 à 4 mots maximum (« un raisin », « tu veux le jouet », « tu manges une banane » …). Il vous faut communiquer avec votre perroquet par des contacts visuels, des échanges vocaux, des démonstrations de l’utilisation possible de l’objet (utiliser le jouet, décortiquer une graine, …). Laisser le perroquet avoir librement accès à l’objet. L’humain intervient en le lui donnant où reprenant en veillant à nommer l’objet.
Si l’on compare cette méthode à celle du « modèle/rival », on peut lui attribuer un caractère plus fonctionnel étant donné que le perroquet interagit avec l’objet à plusieurs reprises. Cependant, un seul humain intervenant dans le déroulement de la séance peut affaiblir les interactions.
La méthode « répétition / association » se compose de 2 phases séparées dans le temps. Voyons ensemble les étapes à suivre.
Au cours de la première séance, répétez à votre perroquet 2 ou 3 mots sans que ce dernier ne voit l’objet correspondant (nous nommerons ces mots « mot-label », et bien évidemment vous les aurez sélectionné au préalable). Assurez-vous que Coco vous prête toute son attention lors de la prononciation des mots (contact visuel direct, changements de rythme et d’intonation, déplacements physiques…).
Maintenant que votre perroquet a appris et imite vos mots-labels, passons à la seconde étape! Il s’agit de la phase d’association au cours de laquelle l’animal doit associer son mot-label à l’objet correspondant. C’est donc lors de cette phase que les caractères référentiel et fonctionnel des interactions sont rétablis. En un mot, chaque fois que l’animal produit le mot-label vous le récompensez en lui offrant l’item et en le félicitant.
Cette méthode est la plus renforçatrice de par ses nombreuses interactions : on félicite l’oiseau, on donne l’objet en répétant le mot label, etc. Connaissant bien le comportement des psittacidés, je pense que c’est en partie pour cette raison que les résultats scientifiques de cette méthode ont abouti sur d’excellents succès (la méthode « répétition / association » a porté ses fruits dès les 20 premières séances et a donné les meilleurs résultats scientifiquement validés).
La méthode « diffusion » est la plus technologique de toutes ! Comme pour la méthode « répétition / association » il y a deux étapes séparées dans le temps.
La première phase vous met seul à contribution, hé oui ! Voilà ce que vous devez mettre en place : comme pour la méthode précédente sélectionnez deux ou trois mot-label puis enregistrez les avec ou sans intonation sous forme de fichier audio. Ensuite, en votre absence uniquement, diffusez cet enregistrement à votre perroquet.
La seconde partie de la méthode est identique à celle employée dans la méthode « répétition/association » : chaque fois que le perroquet produit le mot-label vous le récompensez en le félicitant et en lui offrant l’objet en question.
Cette méthode est peut être celle qui offre le moins de succès. Pourquoi ? Peut-être parce que le perroquet est un être vivant très sociable et que le virtuel ne le captive pas énormément, si vous voyez ce que je veux dire ….!
Certaines espèces présentent plus de facilités et d’engouement pour s’initier au langage humain.
Commençons par les espèces les moins attirées par les apprentissages vocaux. Aussi belle qu’elle soit la Conure soleil (Aratinga solstitialis) n’est pas une grande parleuse, de même que ses autres cousines conures de l’espèce aratinga (conure Nanday (Aratinga nenday) , conure Jendaya (Aratinga jandaya) …). Les Alisterus (perroquets de taille moyenne à dominante rouge et verte caractérisée par une queue longue, perruche royale par exemple) et les cacatoès noirs (Cacatoès de Banks (Calyptorhynchus banksii), Microglosse noir (Probosciger aterrrimus) sont eux aussi peu bavards.
D’autres sont beaucoup plus réceptifs aux apprentissages vocaux et à l’assimilation de vocabulaire humain. Les plus demandés sont sûrement les Gris du Gabon (Psittacus erithacus), les cacatoès blancs et rose mais aussi les Amazones. Les loris peuvent démontrer de belles facultés d’imitations vocales. Les petites perruches callopsitte (Nymphicus hollandicus) ou ondulée (Melopsittacus undulatus) font souvent l’objet de vidéos amateurs démontrant aisément leur intérêt pour les bavardages.
Amy et Groucho, une véritable star ! Cette amazone à nuque d’or (Amazona auropalliata), star du spectacle de Disney Animal Kingdom, est capable de prononcer et de comprendre le sens de nombreux mots, elle est surtout connue pour son talent de chanteur (elle connait 7 chansons différentes).
Encore une fois, même si l’espèce peut influer sur les capacités vocales, la motivation et les capacités d’apprentissages vocaux varient aussi d’un individu à l’autre.
L’apprentissage vocal chez le perroquet est une initiation, et des expériences fondamentales dans sa vie. Toutes les espèces de psittacidés sont capables de vocalisations à sonorités humaines. Certaines espèces comme les Gris du Gabon, les amazones ou les cacatoès excellent particulièrement dans ce domaine.
Quelle que soit la méthode appliquée gardez bien en tête que :
-les séances doivent être courtes (au plus une quinzaine de minutes) mais reproduites régulièrement
– pensez toujours à récompenser Coco quand son travail est réussi, son implication ne sera que meilleure!
– le renforcement positif sera votre meilleur allié
– l’importance des interactions est primordiale pour réussir un apprentissage
– votre implication sincère est fondamentale
– chaque perroquet a sa personnalité et son propre rythme d’apprentissage, il vous faudra donc trouver la ou les méthodes les plus appropriées à son caractère
– soyez patient ! Et gardez l’esprit joueur, vous n’êtes pas à l’école !
Restez joueurs, l’apprentissage n’en sera que meilleur.
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